IRATY : LES COLS DE CHASSE

Les yeux sur les bleus

Les paloumayres sont à leur poste pour estimer le nombre de vols et leur ampleur.

Parfois tableau de comptage quotidien de l'oiseau bleu peut redonner le sourire au paloumayre qui ne voit rien venir. Ou, au contraire, le faire douter s'il a le sentiment que les jours « avec » sont derrière lui. Promesse de jours meilleurs, tempête de palombes ou dépression persistante. Chacun se plaît à regarder ce qui s'est passé chez le voisin.

Au-delà de l'anecdote, les comptages sont une mine d'informations. Jacques Morlaas, natif du Pays basque et désormais installé à Saint-Jean-le-Comtal, dans le Gers, compte les palombes depuis… 1959. D'abord pour lui-même, puis pour « Sud Ouest ». « Je suis né au milieu des chasseurs de palombes », sourit-il. « J'ai toujours vu faire ça. »

Il tient ses carnets à jour, qui l'aident dans sa compréhension de l'oiseau bleu. « C'est un outil précieux pour se rappeler certaines saisons, faire des comparatifs. » Il note précisément les vents dominants qui ont tourné, le nombre de vols et leur importance… Ce qui lui permet un début d'analyse. « Désormais, on assiste à des mouvements d'oiseaux et non plus des défilés quotidiens. »

Un réseau de correspondants

Mais des comptages alimentent aussi et surtout une base de données internationale essentielle pour des études sur l'espèce. « Sous l'égide du Groupe d'investigation international sur la faune sauvage (Giifs), un suivi en plaine a été mis en place grâce à un comptage standardisé, labellisé », explique Régis Bertrand, technicien et animateur du réseau Palombe en Lot-et-Garonne. Le suivi est transpyrénéen depuis dix ans.

« Des carrés ont été tirés au sort sur les axes de migration », poursuit-il. « Sur une bande d'observation, le compteur posté note les vols vus (avec moins de 10 oiseaux, entre 10 et 50, entre 50 et 100, plus de 1 000). Là, on n'a pas la prétention de compter mais d'estimer. Ils indiquent également les oiseaux posés et les prélèvements. » Des données personnelles qui servent à la collectivité.

« Les chasseurs de palombe ont toujours tenu des carnets. Leur relevé d'information garantit l'efficacité de l'analyse de la saison migratoire et permet de dégager des tendances. Notre crédibilité vient du fait que nous avons les mêmes compteurs depuis des années et la même méthode. »

source Sudouest